Oubliez les études standards: elles ne livrent pas la vérité – 2
J’ai déjà évoqué ici l’importance de l’observation pour comprendre quelle est la vraie vie des gens. Elle est liée au fait que hors contexte, personne n’est jamais conscient de ses gestes et que cette conscientisation du quotidien n’est justement activée que par le contexte.
N’écoutez pas ce que je raconte : mes souvenirs sont faux !
De nouvelles découvertes en neurosciences confirment encore ce propos. D’une part nous apprenons que nos souvenirs ne sont pas des enregistrements parfaits de nos expériences, mais d’autre part nous découvrons que nous les modifions à chaque fois que nous les appelons à la conscience.
La mémoire n’est pas fiable.
La psychologue Elizabeth Loftus avait procédé il y a déjà longtemps à une célèbre expérience sur ce qu’elle a appelé le syndrome des faux souvenirs. Elle avait soumis un journal détaillant quatre événements de leur petite enfance à deux douzaines de personnes. Trois faits étaient réels. La quatrième expérience était purement fictive. Elle décrivait comment, à l'âge de cinq ans, chaque enfant avait été perdu dans un centre commercial et sauvé par un inconnu. Quand elle avait interviewé les sujets, un quart d'entre eux se rappelait avoir été perdu, et s’en souvenait même avec un remarquable sens du détail. « Je pleurais, je me souviens de ce jour. . . Je pensais que je ne reverrais plus jamais ma famille ». « Un vieil homme s'est approché de moi. . . . Il portait une chemise de flanelle. . . . Je me souviens que ma mère m'a dit de ne jamais plus recommencer ». Sauf qu'il n'y avait jamais eu d'homme en chemise de flanelle ni d’avertissement de la mère.
Cette découverte de l’absence de fiabilité des souvenirs a changé la tournure de nombre de procès aux États-Unis. Lire la suite