LES ANTICORPS NATURELS DE L’ENTREPRISE
Durant les 3 jours immanquables du Spring Campus, qui réunit chaque année les membres de Croissance Plus, je me suis replongé avec bonheur dans le bain des entrepreneurs. J’en suis sorti heureux, car comme toujours j’avais la preuve que, même si la riche et perturbante diversité des participants ne permet pas de généraliser, leurs entreprises ne se développent remarquablement que parce qu’elles sont des organismes vivants. Elles ont toutes en elles les ingrédients de la nature.
Elles sont toutes humaines !
Le modèle post-industriel de l’entreprise freine sa longévité naturelle
Depuis l’ère industrielle, beaucoup d’entreprises ont eu pour principal enjeu d’industrialiser leurs offres pour assurer la performance de leur production. Ainsi, elles se sont principalement focalisées sur la rationalisation de leur façon de travailler, cela paraissant une priorité pour répondre à cet enjeu. Cependant, en réduisant parfois trop l’énergie qui doit être consacrée simultanément à l’innovation, elles ont détruit les gênes naturelles de leur bonne santé.
L’entreprise est organique par essence, elle est semblable au corps humain, avec des cellules et des dynamiques internes. L’ère industrielle a souvent lissé ces dynamiques, allant parfois jusqu’à les neutraliser, même inconsciemment, dans le but d’améliorer avant tout la production d’une offre qui, pourtant, montrait déjà les signes du nécessaire renouveau de ce corps.
Les anticonformistes, les véritables “entrepreneurs” visionnaires ont toujours existé et sont à l’origine des entreprises de notre paysage économique actuel. Il s’agit de Coco Chanel, Louis Vuitton, Eugène Schueller, Marcel Fournier et les Defforey de Carrefour, et plein d’autres qui nous sont familiers... Cependant, la fin du XXème siècle a surtout vu les entreprises s’élancer dans une spirale de standardisation d’ordre abstrait. Cette posture a souvent eu pour conséquence de brider dangereusement les initiatives pourtant salvatrices des ‘intrapreneurs’, ces anticonformistes naturels qui font le corps résistant de l’entreprise.
Prise de conscience
Aujourd’hui, nous constatons que les choses évoluent dans les entreprises. Celles-ci cherchent, parfois de manière frénétique, à innover, à se transformer, portées par la digitalisation de leurs méthodes et des modes de vie, ainsi que par des aspirations très affirmées de la nouvelle génération. En effet, ces dernières aspirent à pouvoir créer librement, à avoir la latitude de prendre des initiatives, à trouver un sens et une utilité réelle dans leur travail, ce sont les nouveaux intrapreneurs. Il faut leur permettre de se réaliser individuellement ou collectivement pour créer de la valeur au sein de leur entreprise afin qu’ils n’aillent pas en créer ailleurs.
Ce mouvement n’est en réalité qu’un retour aux sources de ce qu’est réellement une entreprise. Etymologiquement, entreprise vient du mot entreprendre qui trouve son origine dans l’expression latine “ inter prehender” qui signifie “saisir avec la main”. Derrière la définition d’entreprendre repose donc l’idée même de prendre les choses entre ses mains, d’oser, de prendre le risque de l’engagement entier.
Une entreprise qui n’innove pas perd en réalité son statut d’entreprise. Elle devient alors plus qu’une machine.
Inversement des tendances managériales et développement des initiatives internes
Face à cette nouvelle équation, une prise de conscience est à l’oeuvre dans les entreprises : un grand nombre d’entre elles se rendent compte qu’elles sont en quelque sorte “malades”.
Elles ont compris que la recherche à tout prix de l’ordre antinaturel issu de l’ère industrielle les a conduites à tuer les anticorps propices à l’esprit d’innovation. Cette recherche les a fait entrer dans un cercle vicieux d’apparence vertueux que l’on appelle ‘inertie active’ théorisé dès la fin des années 90 par Don Sull (Revival of the Fittest, Don Sull, Harvest Bussiness Review Press, 2003) repris par Philippe Silberzahn, un de ces élèves à la London Business School. Or, si l’entreprise est un corps vivant, alors elle doit préserver son espèce comme toutes les autres : en évoluant avec son environnement, en acceptant et en accompagnant sa mutation indiscutable.
En écho aux démarches qui prouvent leur efficacité, telles que la biodynamie - demandez aux vignerons - les entreprises entament leur processus de résilience et de revitalisation. C’est ainsi qu’elles tentent de faire ré-émerger les molécules clairvoyantes et dynamisantes qui les constituent, souvent par la voie des Directions de l’Innovation ou de la Transformation Digitale. Les initiatives internes se dé-multiplient pour infuser cet esprit via une conquête d’intelligence collective. “C’est d’ailleurs tout le succès des méthodes de type Hackathon, Design sprint,... qui ont pour objectif de libérer ces électrons afin qu’ils remettent le “grands corps” en mouvement ” Nicolas PetitJean Group VP Experience Research & Design chez Sodexo
Qui sont ces anticonformistes ?
Cette revitalisation est un processus long. Cette transition peut parfois être turbulente dans le cadre d’entreprises très bureaucratiques où l’inertie est grande. Dans ce contexte, les anticonformistes ont souvent un profil “poil à gratter”, ils ont une manière de faire atypique et inconventionnelle. Ils font avant de demander comme l’explique Nicolas Petitjean “il vaut mieux demander pardon que de demander pour faire quelque chose”. Ils croient en l’efficacité du ‘test & learn’.
Les anticonformistes sont fédérateurs, ils forment souvent des communautés autour d’eux qui agissent à la façon des lames de fond. Ce mode de travail différent agite les modèles établis et ainsi toute l’entreprise, pour son bien !
Les anticonformistes sont des connecteurs, des catalyseurs, des amorceurs de projets. Ils portent en eux la fibre de l’aventure humaine qui fonde l’entreprise. C’est leur moteur profond.
Pour InProcess, ces agitateurs sont les ambassadeurs. Nous travaillons main dans la main avec eux, parce qu’ils portent avec nous les projets de nos clients. Ils nous permettent de créer le trait d’union avec le corps de l’entreprise. Ce sont les relais de nos ressources, de nos méthodes et de notre sens de la vérité. Ce n’est qu’en partenariat fusionnel avec eux que naissent les idées justes, que nous sommes en mesure de créer des expériences à forte valeur pour tous, et que nous contribuons à la transformation des entreprises que nous aimons.
Conclusion
L’innovation est un phénomène naturel pour les vraies entreprises. Lorsque, finalement, une entreprise prend conscience qu’il faut innover, c’est donc qu’elle est en retard.
Innover est un processus organique.
C’est pour cela que j’ai fondé InProcess en 2002. J’avais envie de démontrer concrètement que pour innover avec succès, il faut partir du vivant, de l’humain.
Aujourd’hui, je sais vraiment que nous sommes utiles.