L’innovation de rupture : mythe ou réalité ?
Si la rupture est réelle pour les industriels innovants qui changent de modèle, il n’en est rien pour leurs utilisateurs. Songez-y : pouvez-vous avancer un exemple d’innovation qui soit né d’un terrain vierge et qui ait rompu radicalement avec les habitudes des hommes ?
Lorsque Gutenberg invente l’imprimerie au XVème siècle, il agrège trois éléments : le papier, venu de Chine 2 siècles plus tôt ; la presse des vignerons et des artisans, qu’il perfectionne ; et les caractères typographiques en plomb dont Gutenberg, orfèvre, améliore l’alliage. Il révolutionne la production des écrits. Ce faisant, il accélère la diffusion des idées. Mais pour autant, il ne rompt pas avec l’habitude de lire. L’invention de l’imprimerie est une innovation de rupture pour les moines mais pas pour les fidèles, lecteurs de sa Bible.
Du côté des entreprises, l’innovation peut être une rupture. Lorsqu’un business model ne fonctionne plus, il est évidemment stratégique d’en changer. Si elle est salutaire à long terme, cette transformation peut être fracassante. Elle peut s’opérer dans la douleur pour ses hommes, salariés comme dirigeants. La rupture est imposée par l’évolution du contexte concurrentiel, social, économique ou écologique. Elle n’est pas choisie. Qui voudrait rompre ?
Du côté des utilisateurs, des clients et des citoyens, il n’y a jamais qu’une évolution choisie donc douce. Lire la suite