Non, l’enjeu de l’innovation n’est pas technologique !
Non, l’innovation n’est pas technologique. Pour en convaincre les patrons français et soutenir leurs investissements en innovation, tout comme ceux de Bpifrance, éduquons-nous maintenant sur ce qu’est vraiment l’innovation : l’invention de réponses adaptées à des usages émergents.
« Non, l’innovation n’est pas que technologique » annonçait hier Paul-François Fournier, directeur exécutif en charge de l'innovation chez Bpifrance. Je salue cette prise de position intelligente. Enfin ! Car non, l’innovation n’est presque jamais technologique, quand bien même elle se traduit in fine par une forme technologique.
L’innovation crée de la valeur à la fois pour l’entreprise et ses clients. La création de valeur de BlaBlaCar, c’est la définition du business model de la confiance. Cela se traduit par un site et des applications de mise en relation qui n’ont rien de révolutionnaire sur le plan technologique. Quand Valeo produit une nouvelle forme de motorisation hybride, elle crée de la valeur parce qu’elle invente un business model capable de mettre l’hybride à portée de tous. Cette vision économique, écologique et sociale se traduit ensuite par une formidable invention technique.
L’innovation qui crée de la valeur, c’est l’innovation par les usages.
Je complète ici la définition « en creux » d’une innovation « non technologique » donnée par Paul-François Fournier.
Innover c’est
1. détecter des comportements émergents dans la vie des gens ;
2. comprendre qu’ils constituent des gisements d’usages nouveaux ;
3. accompagner leur émergence par une offre adaptée qui les aide vraiment.
Quand Apple invente l’iPod ou l’iPhone, c’est le fruit d’un processus d’innovation par les usages. Steve Jobs menait la vie dure à ses ingénieurs et ses designers pour qu’ils répondent avec justesse aux évolutions des usages qu’il voyait poindre, lui, dans la société. Quand KissKissBankBank et Ulule créent le financement participatif en France, ils détectent à la fois des besoins de financement qui échappent aux banques, et le désir de sens chez des investisseurs privés. Ils y voient un gisement de comportements financiers nouveaux. Ils créent de la valeur en inventant un nouveau business model qui répond à ce double enjeu.
Pour les dirigeants d’entreprise, souvent issus de nos grandes écoles d’ingénieurs, cette approche de l’innovation est disruptive. Pourtant, partir de la vie des hommes dans la société et non des capacités d’équipes R&D est une évolution salutaire et peu coûteuse. Alors comment les y aider, et vite ?
La clé de notre puissance d’innovation réside dans la formation de nos cadres dirigeants à l’innovation par les usages.
Lorsque nous mettons sur pied des programmes de formation à l’innovation dans de grands groupes, comme chez Orange par exemple, nous constatons qu’ils infusent et portent leurs fruits jusque dans les équipes transverses comme la RSE. Nous évoquons maintenant avec Bpifrance la question de la formation de l’écosystème français des start-ups à l’innovation par les usages. A terme, de l’école élémentaire à la formation continue, je suis persuadé que l’innovation par les usages infusera toutes les couches des entreprises et des start-ups en France. Bpifrance investira 8 milliards d'euros d'ici à 2017 dans les entreprises françaises. Gageons qu’ils hisseront plus haut que jamais les couleurs de l’innovation en France !